Le concert (au-delà) des nations - Université d'Évry Access content directly
Journal Articles Hermès, La Revue - Cognition, communication, politique Year : 2017

Le concert (au-delà) des nations

Damien Ehrhardt

Abstract

Music is an example of successful intercultural communication, in the sense that the construction of a cultural identity and of national music schools rarely close doors to the outside world. With European composers such as Lizst, beyond the apparent contradiction between cosmopolitanism and nationalism lies a productive confrontation with other cultures that most often derives from the dynamics of cultural transfers as theorised by Michel Espagne and Michael Werner. European art music, also called “serious” or “cultivated” music, has spread across the world, taking off initially in the Far East, where it is known as “classical”. Its worldwide dissemination underlines the European and global nature of Western art music. Describing a globalised form of music as “Western” or “European” defines its Europeanness as perceived from the outside. This musical Europeanness also chimes in with the openness to the world prefigured by the Goddess Europa : Sonja Neef has established a link between Europa’s journey across the Mediterranean and the spread, along the same maritime routes, of the Phoenician alphabet. Europe thus has its origins in migration and cultural transfers, which have since become one of Europe’s major assets. The idea of Europe as an embodiment of transfer could then replace two archetypes : the Europe of nations and Europe as a homogeneous area. Cultural transfers can go further than translation, which, though indispensible, is not enough to counter the uncommunication that reigns in Europe today, provided that the instrumentalisation that is sometimes inherent to transfers is clearly discerned.
La musique livre un exemple réussi de communication interculturelle, dans la mesure où la construction de l’identité culturelle et celle des écoles nationales dans ce domaine n’impliquent que rarement une fermeture au monde. Au-delà de l’apparente opposition entre cosmopolitisme et nationalisme se situe, chez des Européens comme Liszt, une confrontation productive avec d’autres cultures qui relève le plus souvent de la dynamique du transfert culturel tel qu’il a été pensé par Michel Espagne et Michael Werner. La musique savante européenne s’est diffusée à l’échelle globale et a pris son essor en Asie de l’Est, où elle est qualifiée de « classique ». Cette diffusion à l’échelle planétaire permet de souligner le caractère à la fois européen et global de la musique savante occidentale. Le fait de qualifier d’occidentale ou d’européenne une musique globalisée permet de définir son européanité de l’extérieur. En outre, cette européanité musicale s’inscrit dans le sillage de l’ouverture au monde préfigurée par le mythe de la princesse Europe. Sonja Neef a établi un rapport entre le voyage de cette dernière d’une rive à l’autre de la Méditerranée et la diffusion, le long des mêmes routes maritimes, de l’alphabet phénicien. Une migration et un transfert culturel se situeraient donc aux origines de l’Europe. Depuis, le transfert s’est avéré une richesse pour ce continent. La notion d’Europe des transferts pourrait donc remplacer deux archétypes : l’Europe des nations et la vision d’une Europe homogène. Le transfert culturel est à même de dépasser la traduction, indispensable, mais non suffisante pour contrer l’incommunication européenne, à condition de déceler les instrumentalisations parfois inhérentes aux transferts.
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Dates and versions

hal-01528317 , version 1 (29-05-2017)

Identifiers

  • HAL Id : hal-01528317 , version 1

Cite

Damien Ehrhardt. Le concert (au-delà) des nations : L’Europe des transferts. Hermès, La Revue - Cognition, communication, politique, 2017, Les incommunications européennes, 77 (1), pp.169-176. ⟨hal-01528317⟩
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